L’œil du photographe
Des ouvrages sur la photographie emploient l'expression "l’œil du photographe". Les photographes auraient-ils un œil spécial ?
Il me plait d'observer un photographe amateur ou expérimenté en action. À sa façon d'opérer, j'évalue son centre d'intérêt : désir de mémoriser par un instantané un souvenir ou recherche d'une composition artistique.
Le débutant dans une activité est confronté à des hésitations, à des maladresses. Puis, grâce à une meilleure connaissance et à une pratique maîtrisée, un savoir-faire se développe. Le cerveau enregistre une masse d'informations (méthodes de travail, techniques) qui favorisent une mise en œuvre habile et efficace. C'est ce que l'on appelle communément l'expérience.
La seconde image, uniquement virtuelle, vient du fait que mon regard ne se contente pas de voir, il analyse l'image perçue. Cette vision virtuelle n'a rien d'étrange ou de surnaturel. Ce phénomène s'explique par une logique rationnelle. Mélangeant mes connaissances techniques à une approche créative influencée par un apport émotionnel, ma vision crée une nouvelle image. L'appareil photo n'est qu'un outil qui me permet de traduire mon regard, de matérialiser ma perception des choses. Autrement dit, j'anticipe, j'entre dans la photo. C'est ce que j'appelle avoir l’œil du photographe.
Pour moi, et je dis bien pour moi, avoir l’œil du photographe consiste à porter un regard capable de percevoir, de concevoir la photo la mieux adaptée pour exprimer mon ressenti. Ainsi d'un objet familier, banal (ci-dessous : feu arrière d'une voiture, lame de scie, marteau arrache-clou), j'en fait un sujet intéressant pour une photo originale.